LA PORTE DU FANABRÉGOL



Le mot « fabregol », inscrit sur la façade du monument, semble être une erreur de transcription de la part de l'artisan qui a gravé la plaque nominative

C'est la tour du micocoulier en référence à un très vieil arbre qui a trôné plusieurs siècles face à la porte.

Cet ouvrage défensif, dans un état exceptionnel de conservation, est une tour-porte à gorge ouverte, qui témoigne de l'adaptation des techniques de construction défensive à l'utilisation des armes à feu au début du XVème siècle. Sa construction, bien attestée par le contrat de construction passé entre un maçon et 21 chefs de famille de Viols, date de 1428.

     

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    Une façade dans un état exceptionnel de conservation

    Le monument a subi des transformations, en particulier au sommet, assez largement remanié au XVIIIème siècle. On devine cependant aisément le crénelage et la présence des archères dans les merlons.

    Le petit campanile qui abrite l'horloge date vraisemblablement du XVIIIème siècle : il a remplacé la charpente et le toit de tuile à quatre pans qui devait couvrir l'édifice.

    L'entrée qui, jusqu'au XIXème siècle, est le seul accès routier au fort, est très bien protégée :

    On distingue un premier assommoir qui protège une première porte dont il reste les gongs et l'emplacement du système de fermeture. un espace dégagé dans l'épaisseur du mur abritait une barre de fermeture qui venait se loger dans une butée située dans le mur opposé. Vu les dimensions de la cavité, on perçoit la taille de la barre...

    Un deuxième assommoir protège le sas situé entre les deux portes, dans le cas où la première porte viendrait à céder.

    Un troisième assommoir protège une deuxième porte, côté intérieur du fort, munie du même système de fermeture que la première.

    Le sas situé entre les deux portes était équipé de deux bouches à feu sur les flancs permettant la mise en place de deux petites pièces d'artillerie, arquebuses, arbalètes. Il s'agissait ici de protéger les bases de la muraille.

    Les banquettes situées de part et d'autre du sas sont des ajouts récents, destinés sans doute à éviter l'accumulation des immondices dans des espaces qui n'ont plus d'utilité.

    Campanile
    Le premier assommoir, situé juste devant la porte extérieure, aujourd'hui disparue
    Cavité ménagée dans l'épaisseur du mur ouest pour loger la barre de fermeture de la porte du Fanabregol lorsque celle-ci était ouverte
    Bouche à feu aménagée côté ouest et qui permettait de couvrir la base du mur sud, côté ouest, par un tir rasant d'arbalète ou plus certainement d'arme à feu de type arquebuse, voire même de petite pièce d'artillerie de type couleuvrine

    Un bâtiment directement lié à la Guerre de Cent Ans

    La guerre de Cent Ans est un conflit qui oppose le royaume de France et le royaume d'Angleterre entre 1337 et 1453. La construction de la tour-porte de Viols-le-Fort s'inscrit dans la dernière phase du conflit, au moment où la situation du royaume de France est très délicate. Un sentiment d'insécurité très fort pousse les habitants de cette communauté villageoise, dont l'existence est bien attestée dans les documents d'archives des abbayes de Gellone et d'Aniane depuis 1128, à se protéger des attaques des routiers ou mercenaires aux services des Anglais. Ces compagnies de routiers, lorsqu'elles ne recevaient pas de soldes de la part de leurs employeurs, vivaient sur le pays, se livrant au pillage et aux massacres comme le rapporte le Petit Thalamus de Montpellier, qui mentionne les agissements de ces compagnies dans la région de Gignac, d'Aniane et d'Argelliers dans les années 1359, 1360.

    La porte du Fanabregol était la seule entrée possible dans l'enceinte fortifiée qui enserre toujours la partie de notre village appelée le Fort.

    Les quelques remaniements du monument laissent tout de même facilement deviner son état originel.

    Une tour constituée de 3 niveaux

    • Le premier niveau est celui de la porte ;
    • Le deuxième commandait la défense immédiate de la porte à travers les trois assommoirs ;
    • Le troisième donnait accès au crénelage ainsi qu'au chemin de ronde qui courait tout le long des remparts.

    A noter que le campanile situé au sommet est un ajout du XVIIIème siècle - construit à une époque où la tour et les remparts avaient perdu tout intérêt défensif - abrite une horloge qui fonctionne et dont l'origine doit être contemporaine de son installation.

    Une tour ouverte à la gorge

    La tour du Fanabrégol était une tour-porte ouverte à la gorge. Les différents niveaux situés au-dessus de l'entrée étaient ouverts.

    On voit très bien que les deux voûtes qui permettaient l'ouverture de l'édifice sur l'intérieur ont été fermées plus tard : les pierres utilisées sont plus petites et la construction est moins soignée que pour le reste du bâtiment.

    Pourquoi une tour ouverte à la gorge ?

    Il s'agit d'une technique de construction défensive bien attestée pour cette époque : en cas de pénétration à l'intérieur de l'édifice, les assaillants se retrouvaient sous le feu des défenseurs qui avaient pu se replier dans le fort.
    On note à droite la petite porte qui donne accès à l'intérieur de la tour.
    On distingue au troisième niveau les deux départs du chemin de ronde de part et d'autre de la tour.
    L'intérieur du bâtiment, lui aussi dans un excellent état de conservation

    La tour du Fanabrégol, côté Fort ; on distingue bien les deux voûtes, aujourd'hui murées, de la gorge ouverte, et le crénelage du sommet qui n'a pas disparu malgré la transformation du toit au XVIIIème siècle

    La tour du Fanabregol, un monument à protéger

    Depuis le 19 juin 2023 la Tour du Fanabrégol est protégée au titre des monuments historiques (Arrêté Préfectoral).

    Ce classement permet de renforcer sa protection directe ainsi que ses abords. C'est un outil supplémentaire à disposition des élus de la commune pour la préservation d'un des principaux monuments anciens du village.

    Une reconstitution 3D de la Porte du Fanabrégol

    La commune a fait appel aux services de la société Arché03D - basée à Saint-Geniès-des-Mourgues - qui est spécialiste de ce type de reconstitution sur les plus grands sites archéologiques nationaux et internationaux. L'idée était de parvenir à une reconstitution minutieuse du monument, à partir de relevés métriques précis du bâtiment, à l'intérieur et à l'extérieur.

    Le résultat est spectaculaire !

    On accède également à l'état supposé du bâtiment au début du XVème siècle. On note la présence d'un plancher en bois au-dessus de l'entrée routière, ainsi que l'ouverture à la gorge côté Fort.